Personne n’est Persona

Petit résumé du persona (voir ce blog d’ergonomie pour un rappel vite fait bien fait). Selon l’idée originelle d’Alan Cooper, il s’agit de s’imaginer ce qu’est le visiteur/utilisateur typique de son site ou de son interface, soit par la réunion d’un comité d’expert, soit par des études par questionnaires ou des enquêtes qui permettent de délimiter sa cible.
Le persona est indispensable pour déterminer à la fois le design et  l’utilisabilité d’un site. Le visiteur “moyen” existe statistiquement. Certains visiteurs geek vont être attiré par un site complexe comme des mouches vers du … miel, et des utilisateurs professionnels chercheront une efficacité maximale au détriment, parfois, de l’esthétique. Certaines populations ne sont pas à l’aise avec Internet mais adore y faire leur courses. Connaître un peu, ou beaucoup, ou y réfléchir en tout cas, sa population cible est une étape importante, voir cruciale de l’élaboration du site. Des visiteurs confrontés à un univers visuel qui ne leur convient pas, à une navigation hasardeuse, à un contenu dilué, ne resteront pas plus de quelques clics au maximum, et encore.

MAIS

il y a toujours un mais et là il est énorme. Mais, disais-je avant de m’interrompre, penser à partir de persona revient à penser en terme d’esprit fantôme suggérant ce que le destinataire du design ou de l’ergonomie envisagée devrait faire s’il était immuable dans le temps et n’avait à sa disposition, et pour toujours, uniquement ce qu’il sait de ses envies et de ses choix à l’instant présent. Cette technique, pas complètement inutile, est nécessairement limité par ce que savent les gens d’eux-même, et aussi par les présupposés parfois stéréotypiques que les designers et ergonomes possèdent sur leur destinataire.

Le persona du futur n’existe pas. Le cœur de cible est ce fantôme. Evidemment que le persona n’existe pas puisqu’il est souvent à inventer. Nous ne pouvons faire que les persona existant, ceux dont on sait déjà tous.

 

Allons encore un peu plus loin, on a le droit, j’ai le droit parce qu’ici c’est chez moi. Les persona qui n’existent pas vivent dans le futur, ce sont les enfants de McLuhan (voir la page Wikipédia), les visuels, et les poucettes de Michel Serres (Petite Poucette, génération mutante). Ce sont ceux qui viendront et pour lesquels nous sommes déjà obsolètes par le simple fait de l’entropie technologique. Inventer l’internaute de demain est presque voué à l’échec, en revanche continuer de créer des nouveaux modes d’apprentissage, de lecture, d’appropriation du savoir, ou d’inforation, voilà un défi intéressant qui ne se cantonne pas à faire ce que les gens aiment ou savent faire à un moment donné.

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