L’affiche du Festival fait jaser dans les chaumières graphiques. Et il y a de quoi. Des billets, l’un de l’excellent Geoffrey Dorne dans sa chronique “vendredi c’est graphisme” sur OWNI, un mal aux yeux de John qui propose également un tuto pour se la faire tout seul dans son salon avec son joli ordinateur à soi et se prendre pour un vrai artiste contestataire et rebelle. Avant de continuer, jettons un oeil pudique sur l’objet en question:
La question que je me pose, et que tout le monde est en droit de se poser est la suivante: vouloir dynamiter les codes et les règles implique-t-il nécessairement de produire du laid. Le concept est-il au-delà du plaisir du regard et de l’harmonie. Notez bien que je ne parle pas du beau, je n’en ai pas le courage, ce serait largement trop long mais une rapide recherche sur internet vous offrira l’errance philosophique demandée. Pour faire du concept, doit-on nécessairement revenir à la production que nous avions à 8 ans et que nous découvrions Paint sous nos doigts malhabiles ou du niveau de ce que peut faire un voisin/cousin bien intentionné lorsque vous lui dites que vous avez besoin d’une affiche, et oui il sait se servir de son ordinateur, puisqu’il vous dit que c’est sa passion.
Même si nous pouvons nous amuser de cette horreur, je persiste à penser que s’affranchir de règles graphiques ne consiste pas à s’affranchir de l’élégance ni d’ailleurs de la construction de nouvelles cohérences qui donneront leurs marques à votre production. Si le graphisme s’apprend, c’est parce l’oeil humain et son cerveau apprécient l’ordre et la régularité, ils apprécient la possibilité de lecture aisée, ils se délectent de couleurs en équilibre parfait (selon également des règles, j’en reparlerais sûrement un jour). La seule chose que je peux reconnaître à cette affiche, c’est qu’elle fait parler d’elle. Le problème avec les choses laides est que nous avons tendance à les oublier facilement, contrairement aux belles choses.